Rencontre des Frères de Reims
Texte et photos issus de "Vie diocésaine n° 1361"
A
l'approche de la réouverture de l 'Hôtel de La Salle, annoncée pour début mai, nous sommes allés à la rencontre des Frères à Reims.
P
our le frère Claude Reinhardt, le responsable de la communauté des Frères à Wilson depuis septembre, Reims évoque les années-lycée.
Après une enfance en Alsace, j' ai vécu dix ans à Reims. Au Sacré-Cæur où j'ai passé le bac, une dizaine d'enseignants étaient des Frères.
Aujourd'hui, il y a peu de Frères qui enseignent en France et en Europe ; notre mission éducative repose sur un partenariat avec des laïcs.
L'esprit lasallien ou I'inventivité perpétuelle.
L
'histoire de la congrégation, comme I'explique frère Jean-Paul Baraton, est faite d'une alternance de phases de
déclin et de renouveau: "Par exemple, la loi de 1904 interdisant tout enseignement aux congrégations a poussé les Frères à partir en Amérique latine.
Cette zone est aujourd'hui la locomotive de la congrégation, avec de nombreuses vocations et l'existence d'une centaine d'établissements. "Ainsi du Mexique,
qui compte pas moins de dix-sept universités lasalliennes, souligne frère Claude, qui vient de passer quatorze ans à Rome auprès du supérieur général.
P
artout dans le monde, un même esprit préside au projet éducatif : avoir une approche globale du jeune, privilégier le dialogue et une pastorale ouverte.
La pastorale est un défi aussi bien dans les pays asiatiques que dans les écoles à majorité musulmane... mais aussi sous nos latitudes déchristianisées.
"Le groupe de culture religieuse que j'anime pour les élèves de 6ème au Sacré-Cæur compte trois musulmans. Aucun élève n'est allé à la messe
de Noël", raconte frère Jean-Paul. Comment "dire Dieu", comme les y invite le projet éducatif, tout en respectant les personnes et les croyants d'autres
religions ? Pour le réseau français, un thème est défini tous les deux ans : " Tous différents : une bonne nouvelle !" est le thème en cours.
S
uite aux attentats parisiens perpétrés au début de I'année, le frère Stéphane Lognon, membre de l'équipe éducative du lycée agricole de Thillois, a initié des
échanges: "Le respect doit être réciproque; ma liberté s'arrête là où commence le respect de l 'autre". A 49 ans, l'ancien éducateur aux Apprentis d'Auteuil
ne veut pas verser dans la dramatisation : "Les jeunes sont différents de ceux d'autrefois, mais pas plus difficiles. Ce sont toujours les mêmes. Ce qui change,
c'esl le contexte."Et d'ajouter: "Ce qui m'anime, c'est de montrer à chaque jeune qu'il a de la valeur".
U
n esprit que les Frères transmettent aux laïcs : frère Jean-Paul passe dix jours par semaine à Paris, où il anime des formations dans le cadre du Centre lasallien
français (CLF).
APOSTOLAT ET PRIERE
A
utant de Frères, autant de personnalités, autant de manières de vivre son engagement : à 80 ans passés, le frère Fernand Bécret, de la communauté Wilson,
donne des cours d'alphabétisation à la maison de quartier des Châtillons. Les Frères ont aussi de nombreux échanges avec la paroisse Saint-Bruno : deux fois
par semaine, un prêtre célèbre la messe dans leur chapelle, à laquelle se joignent des paroissiens. La prière est à la source de leur apostolat : "Au centre de notre
prière, il y a les jeunes. Les jeunes d'ici comme ceux du Pakistan... Nos frères sont présents dans quatre-vingts pays".
D
u quartier au monde entier... de Reims à I'international... Le réaménagement de I'Hôtel de La Salle, maison natale de saint Jean-Baptiste de La Salle, met en valeur
l'évolution de la congrégation depuis sa fondation en 1680. "C'est un laïc, Adrien Nyel, qui lui demande de créer une école pour les garçons des artisans et des
pauvres. Jean-Baptiste s'installe avec les maîtres et renonce à son statut de chanoine de la cathédrale, pour lequel il touchait un revenu, pour le donner au prêtre
le plus pauvre du diocèse", raconte frère Dominique Rustuel, qui a supervisé les travaux. Une histoire racontée avec une scénographie inventive, qui repose
sur un va-et-vient constant entre tradition et modernité.
E
ntre la salle de la fondation de la congrégation et la salle de l'international, une porte sur laquelle sont gravés ces mots de Jean-Baptiste ; "Dieu ne me dit plus
rien, mon âme ne goûte plus la douceur de Dieu". En proie à une crise intérieure, assailli de doutes, le fondateur se met à distance de la communauté de
1712 à 1714 avant de revenir sur l'insistance de ses frères...