Hommages au Frère Léon
F
rère Léon, à l'age de 98 ans, nous a quitté.
Au début de la messe de ses obsèques, Frère Emile NOIREZ lui rend hommage.
"
S
i vous passez à l'école Saint Jean-Baptiste de La salle de REIMS au moment d'une récréation ou d'un moment de détente, vous
apercevez
parmi les élèves un petit homme qui va là, d'un groupe à un autre. Un surveillant, sans doute ! allez vous penser !
E
h bien non. Observez un peu plus : vous constaterez qu'il ne surveille pas. Il va vers les uns, vers les autres, parle,
répond, écoute surtout.
L'allure d'une conversation bien engagée.
V
ous venez de découvrir ce qui a été, pendant des années, un véritable apostolat pour Frère LEON - comme on l'appelait alors en
ces lieux- et cela pendant plus d'un demi-siècle : 57 ans pour dire vrai.
J
ean UNY, futur Frère Léon, vient au monde le 4 avril 1916 à CONFLANS-sur-Seine, aux confins de la Marne et de l'Aube.
La famille, ardennaise de Thiérarche, a dû fuit devant l'avance allemande. Déjà les souffrances qu'engendrent les guerres !
Il en souffrira d'autres au cours de sa vie !!
L
a paix revenue, retour à SAINT MICHEL SOUGLAND, lieu d'implantation de la famille. Une famille unie, dans tous les sens du terme :
huit enfants dont Jean est l'ainé. Et profondémment chrétienne : un prêtre, deux Frères des Ecoles Chrétiennes, deux religieuses
parmi ses enfants.
J
ean devient élève à l'Ecole Savart, tenue par les frères. Peut-on s'étonner de voir naître en lui le désir de devenir comme eux ?
A
près les années habituelles de formation de l'époque, il enseigne au Pensionnat Saint Joseph à HACHY, près d'ARLON en Belgique
(implantation due aux lois anti-religieuses du début du siècle).
P
uis, il devient Professeur au Petit-Noviciat de BETTANGE (Grand Duché du luxembourg) (1936-39) qu'il suivra en 1939 à VIVEROLS
(Puy de Dôme) avant d'être mobilisé dans la D.C.A. (39-40). Il retrouvera le Petit-Noviciat à MONTFERRAND
(banlieue de CLERMONT FERRAND) qu'il suivra ensuite à MURAT (Cantal).
L
e drame va se nouer là. Suite à l'inutile assassinat d'un officier allemand par des maquisards, les allemands raflent et déportent
en Allemagne tous les hommes de MURAT. Ils vont connaître le sinistre Camp de DACHAU, de juin 44 à avril 45.
O
n sait suffisamment ce que furent ces Camps de la Mort pour imaginer sans peine la vie, ou plutôt la survie, de Jean UNY et des ses
malheureux compagnons durant ces mois de souffrance externe.
I
l conservait précieusement un chapelet qui fut pour lui, durant ces mois, comme une ancre d'espérance.
A
la Libération et le retour en France, il faut se refaire à tous égards et déjà au plan santé.
A
la rentrée 1945, le Frère Visiteur l'oriente vers l'Ecole Saint Jean-Baptiste de La Salle de REIMS, "jusqu'à Noël", lui dit-il.
Quand Frère UNY rappelait cela, il ajoutait en plaisantant : "il a oublié de me préciser l'année". En effet, il va y rester la
bagatelle de ... 57 ans !!
U
n large demi-siècle de présence à REIMS : 36 ans comme enseignant, 21 comme retraité.
D
ans son enseignement, il garde le souci du pratique, de l'utilisation par les élèves. Tel d'entre eux rappelait on souci de l'étude
des pierres au cours des promenades.
U
n sens du pratique, du concret ? Sa véritable passion pour le chemin de fer.Un sujet de conversation quasi inépuisable : il suffisait
de l(orienter sur ce sujet et l'intérêt ne faiblissait plus.
E
t tout cela dans une atmosphère de calme, de sérénité ; on pourrait dire : de respect mutuel. Bien de ses "anciens" en témoignent.
Q
uand vient le moment de quitter REIMS pour prendre place à la maison de retraite de METZ-BORNY, en 2002, il vit cela avec la même
simplicité, la même discrétion.
I
l montrera la même gentillesse, la même attention aux autres, avec le personnel soignant, le même merci pour les soins reçus.
E
t comment ne pas souligner la discrétion avec laquelle, si l'on peut dire, il nous quittera pour la Maison du Père.
Q
uelle figure de Frère !!
Q
ue le Seigneur nous en accorde beaucoup de cette qualité.
Frère Emile NOIREZ
A
la fin de la messe de ses obsèques, un ancien élève, Denis LARDENOIS, lui rend hommage.
"
C
her Frère Léon, merci, merci pour t'en et t'en d'années passées à écouter les jeunes.
P
endant les récréation ou au sorti du refectoire, vous étiez là avec votre sourire, vos paroles réconfortantes, votre gentillesse.
V
ous deviniez notre besoin de parler, de nous confier ou vous provoquiez quand nous ne savions comment faire.
N
ous étions en pleine jeunesse avec notre fougue et nos incertitudes, vous veniez nous appaiser.
L
e week-end dernier, lors de notre passage à METZ, nous étions auprès de vous et vous aviez toujours, malgré des années, ces
anecdotes, ces conseils qui font tilt et ces boutades.
V
ous aviez sû parder l'esprit jeune jusqu'à votre dernier souffle.
Q
ue le Seigneur vous accueille en sa demeure et ... de là haut, continuer à veiller sur nous et sur cette jeunesse.
J
e suis sûr que le Seigneur vous dira : " Va, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître.
M
erci cher Frère
R
endons grace à Dieu pour sa vie donnée.
Denis LARDENOIS