Histoire de la Congrégation des Soeurs du Saint-Enfant-Jésus


T oujours très attachée aux enseignements et à la figure de son fondateur, la Congrégation du Saint-Enfant Jésus est présente dans la Marne et dans les Ardennes depuis près de 350 ans. Cette longue période est marquée par des vicissitudes nombreuses qui sont à la croisée de l’histoire du catholicisme et de l’enseignement en France.

A u moment de la mort de Nicolas Roland, la congrégation n’est toujours pas reconnue légalement. La ville craint que cette œuvre devienne une charge pour elle. Franchissant les obstacles, Jean-Baptiste de la Salle, exécuteur testamentaire de Monsieur Roland, reçoit l’approbation royale le 9 mai 1678, puis l’archevêque de Reims, Maurice Le Tellier, frère de Louvois, obtient les lettres patentes signées par Louis XIV et enregistrées au Parlement le 17 février 1679. Cette autorisation permet à la congrégation de commencer son expansion : des Sœurs répondent aux appels pour assurer l’enseignement dans plusieurs écoles de Reims, puis à Mouzon, Saint Souplet, Grandpré, Suippes… Plusieurs épreuves scandent l’histoire de l’œuvre de Nicolas Roland. D’abord, peu de temps après sa fondation, le jansénisme se répand parmi les sœurs, mais Monsieur Gaudru parvient à rétablir l’unité. Ensuite, la période révolutionnaire conduit à la dispersion des religieuses qui ont refusé de prêter le serment civique et doivent donc partir de leur maison en 1799. Dès 1803, le Conseil municipal de Reims invite les Sœurs restées dans la ville à reprendre leurs fonctions dans les écoles. Le 23 novembre, douze d’entre elles reprennent l’engagement de « vivre ensemble » leur vie religieuse, mais doivent attendre 1806 pour retrouver la maison rue du Barbâtre, rendue par le maire de Reims. Le roi de France Charles X reconnaît l’existence légale de la Congrégation en 1827, ce qui permet à celle-ci de connaître un nouvel essor, en accueillant de nombreuses vocations et en ouvrant des communautés dans la Marne et les Ardennes. Reconnaissant la qualité de leur travail, l’administration départementale confia aux Sœurs du Saint Enfant Jésus l’Ecole normale de la Marne en 1853.







A u début du vingtième siècle, la laïcisation de l’enseignement, engagée dès les années 1880, conduit les religieuses à abandonner les écoles. Elles continuent cependant à enseigner en se sécularisant, mais la congrégation n’est pas supprimée puisqu’elle avait été également enregistrée au 19e siècle comme congrégation hospitalière. La Première Guerre mondiale conduit de nouveau à la dispersion des sœurs, même si le bâtiment de « l’Enfant-Jésus », après une brève utilisation comme Hôpital Croix-Rouge, est rapidement connu dans Reims comme un foyer pour les soldats. L’œuvre du « Bain de pieds » attire les soldats en permission. L’entre-deux-guerres est une nouvelle période d’expansion, caractérisée par l’ouverture de nombreuses communautés, notamment dans les Ardennes, avec un souci particulier d’implantation dans les quartiers populaires.

A la suite du concile Vatican II, la Congrégation se tourne vers l’avenir en ouvrant de nouveaux chantiers : révision de la règle de vie, envoi de sœurs en mission au Tchad, puis création de fraternités associant les laïcs. Enfin, dans l’élan de la béatification de Nicolas Roland, une attention particulière est portée à la redécouverte des textes du fondateur et à sa spiritualité. Les échanges se renforcent avec le réseau Lasallien, par un contact fructueux avec les Frères, mais aussi avec les Congrégations féminines créées au 20e siècle par des Frères au Mexique, au Vietnam et à Haïti.